Le général Philippe Morillon, qui dirige la mission d'observation de l'Union européenne (300 observateurs, répartis dans tout le pays depuis le début du processus) est à la fois prudent et clair. Il a pris connaissance des doléances exprimées par le candidat vaincu, Jean-Pierre Bemba, qui a constaté que 1.421.291 électeurs, soit 10% du total, avaient voté en dehors de leur circonscription. Estimant que la Commission électorale indépendante n'avait pas répondu de manière satisfaisante à ses requêtes, le vice président sortant, utilisant les voies légales, a demandé à la Cour Suprême de Justice de trancher. En attendant, il refuse de reconnaître la victoire de Joseph Kabila. C'est dire si la position des observateurs internationaux est délicate. Prudent donc, celui que tout Kinshasa appelle désormais « le général » s'est bien gardé de juger sur le fond, attendant le rapport final de la mission qui devra être rendu après le dépouillement des résultats des élections provinciales. Clairs malgré tout, Morillon et son adjoint Eric des Pallières ont expliqué à la presse les subtilités des « listes des omis » et des « registres de dérogation », objets du litige. La première reprend les noms de tous les électeurs régulièrement inscrits lors des opérations d'enrôlement mais dont les données personnelles n'ont pu être retrouvées au moment du vote, soit 1.421.291 cas. En réalité, au moment du vote, 300.000 de ces électeurs seulement votèrent sur les listes spéciales créées à leur intention, parce qu'ils furent autorisés à voter autrement, sur des « registres de dérogation ».
Et c'est bien là le fond du litige : ces registres ont permis le vote régulier de tous ceux qui étaient autorisés à voter ailleurs que dans leur bureau initial, soit 937.732 personnes. La Commission électorale indépendante a fourni aux observateurs la liste de tous les bénéficiaires de ces dérogations : 263.913 membres et agents des 50.000 bureaux de vote, 111.294 observateurs nationaux, 3.025 journalistes nationaux et surtout 559.500 témoins des partis politiques. Ce dernier chiffre pourrait surprendre mais chacun a pu constater que lors du deuxième tour des présidentielles, les témoins n'étaient jamais moins de quatre par bureau. Pour Eric des Pallières, cette présence «démontre à quel point le peuple congolais s'est engagé massivement dans le processus, il était présent partout ».
Visiblement fatigués par des nuits de veille, les observateurs européens assurent que, pour 47.000 bureaux de vote, ils ont analysé les données qui leur ont été transmises par la CEI et les ont comparées avec leurs propres observations. Ils concluent que, effectivement « les registres de dérogation ont dans de nombreux cas été utilisés dans des proportions bien au delà des cas initialement prévus ». Il y a eu abus manifeste de l'usage de ces registres dans plusieurs provinces, le Katanga (fief de Kabila) mais aussi l'Equateur, (fief de Bemba) le Kasaï Occidental mais aussi le Sud Kivu.
Autrement dit, les dérogations ont bénéficié aux deux camps. Mais surtout, conclut Eric des Pallières « même en supposant, -hypothèse absurde – que toutes les dérogations aient bénéficié au même candidat dans tous les bureaux de vote du pays, cette incidence, au regard des résultats obtenus, ne pourrait dépasser les 650.000 voix. » Or Kabila totalise 2.616.957 voix d'avance… Les autres missions d'observation (Fondation Carter, réseau des confessions religieuses, des ONG européennes EURAC ) arrivent toutes à la même conclusion provisoire : même s'il y eut des irrégularités, elles ne furent pas de nature à faire basculer le résultat final et le processus fut « transparent et intègre ». D'ici moins d'une semaine, la Cour Suprême de Justice rendra son verdict définitif et la loi aura alors le dernier mot. Ce billet a été posté le Vendredi, novembre 17th, 2006 a 7:16pm et est classifié sous Non classé, actualité. Vous pouvez suivre les réponses a ce billet au travers de RSS 2.0 . Les résponses sont fermé, mais vous pouvez trackback de votre propse site.
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Sunday, November 19, 2006
Saturday, November 04, 2006
RDCongo: la longue attente des résultats de la présidentielle a commencé
Montage des portraits du président Joseph Kabila et du vice-président Jean-Pierre Bemba
KINSHASA (AFP) - 04/11/2006 18h47 - Après un second tour globalement sans incident d'une présidentielle cruciale, la longue attente des résultats a commencé en République démocratique du Congo (RDC), alors que les camps des deux présidentiables, à couteaux tirés, soufflent le chaud et le froid.
Depuis le scrutin du 29 octobre, les camps du président sortant Joseph Kabila et du vice-président Jean-Pierre Bemba, respectivement crédités de 44,8% et 20% des voix au premier tour, ont alterné engagements apaisants et déclarations incendiaires.
La signature par les deux candidats en lice, au soir du vote, d'une "déclaration d'intention" par laquelle le futur gagnant garantit la sécurité du perdant, qui renonce de son côté à contester les résultats autrement que par les voies légales, est apparue comme un signe encourageant.
La communauté internationale, soucieuse d'éviter une répétition des affrontements entre troupes de MM. Kabila et Bemba qui avaient éclaté en août en plein de coeur de Kinshasa, à quelques heures de la publication des résultats du 1er tour, n'avait pas ménagé ses efforts pour obtenir les deux paraphes.
Mais deux jours plus tard, l'Union pour la Nation (UN) de M. Bemba a déclaré avoir noté "plusieurs tentatives de fraudes à caractère massif" le 29 octobre, tandis que l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) répondait en dénonçant des "violences et intimidations".
Des membres de la Commission électorale indépendante (CEI) compilent les résultats du second tour de la présidentielle de RDC, le 2 novembre 2006 à Kinshasa
Les observateurs internationaux ont certes relevé quelques "irrégularités" ou "tentatives de fraudes" dans leurs constats préliminaires, mais doutent qu'elles remettent en cause les résultats, dont la publication officielle est attendue d'ici le 19 novembre.
Après un vote calme, contrastant avec une campagne sous tension à Kinshasa et émaillée d'incidents parfois meurtriers en province entre militants de deux camps, UN et AMP s'observent avec méfiance alors que se déroule le long processus de compilation des résultats.
Chaque camp effectue ses propres calculs et le président de la Commission électorale indépendante (CEI), l'abbé Apollinaire Malu Malu, a dû multiplier les mises en garde contre le "jeu dangereux" de la publication de "résultats prématurés".
Rien n'y a fait, et dans la rue, par téléphones portables ou sur l'internet, les résultats non officiels ont fleuri, donnant alternativement la victoire à l'un ou à l'autre.
Jeudi, un nouvel acte d'engagement, dans lequel les deux camps annoncent "s'interdire toute forme d'annonce des résultats" avant la CEI, a été violé le soir même.
Sur plusieurs chaînes de télévision, Joseph Olenghankoy, directeur de campagne de Jean-Pierre Bemba, a clamé la victoire de celui-ci, citant des chiffres non officiels, présentés comme des résultats du vote dans plusieurs provinces.
Des Congolaises votent le 29 octobre 2006 à Goma pour la présidentielle
Le lendemain, c'était au tour du porte-parole de l'AMP, Olivier Kamitatu, d'avancer ses propres chiffres, d'annoncer une "progression importante des suffrages en faveur de Joseph Kabila" et de conclure à sa "victoire".
Furieux, le président de la Haute autorité des medias (Ham), Modeste Mutinga, a dénoncé samedi devant la presse "l'irresponsabilité déconcertante" des deux camps.
Selon M. Mutinga, la Ham se demande si les deux camps "ne sont pas décidés à alourdir (le) bilan de plus de 3 millions de morts depuis 1998", début du dernier conflit sur le sol congolais durant lequel l'ex-rébellion de M. Bemba a combattu le régime des Kabila (père et fils).
La Ham a interdit MM. Olenghankoy et Kamitatu de médias pour sept jours. Elle a aussi sanctionné d'autres responsables et mis en garde des médias des deux camps.
"C'est extrêmement dangereux. Les gens ne se rendent pas compte de la gravité de ces violations, des conséquences qu'elle peuvent avoir", a déclaré vendredi l'abbé Apollinaire Malu Malu.
La CEI a annoncé samedi avoir compilé les résultats d'un peu moins de 44% des 50.045 bureaux de vote du pays et indiqué qu'elle publierait prochainement des résultats partiels du scrutin sur son site internet.
KINSHASA (AFP) - 04/11/2006 18h47 - Après un second tour globalement sans incident d'une présidentielle cruciale, la longue attente des résultats a commencé en République démocratique du Congo (RDC), alors que les camps des deux présidentiables, à couteaux tirés, soufflent le chaud et le froid.
Depuis le scrutin du 29 octobre, les camps du président sortant Joseph Kabila et du vice-président Jean-Pierre Bemba, respectivement crédités de 44,8% et 20% des voix au premier tour, ont alterné engagements apaisants et déclarations incendiaires.
La signature par les deux candidats en lice, au soir du vote, d'une "déclaration d'intention" par laquelle le futur gagnant garantit la sécurité du perdant, qui renonce de son côté à contester les résultats autrement que par les voies légales, est apparue comme un signe encourageant.
La communauté internationale, soucieuse d'éviter une répétition des affrontements entre troupes de MM. Kabila et Bemba qui avaient éclaté en août en plein de coeur de Kinshasa, à quelques heures de la publication des résultats du 1er tour, n'avait pas ménagé ses efforts pour obtenir les deux paraphes.
Mais deux jours plus tard, l'Union pour la Nation (UN) de M. Bemba a déclaré avoir noté "plusieurs tentatives de fraudes à caractère massif" le 29 octobre, tandis que l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) répondait en dénonçant des "violences et intimidations".
Des membres de la Commission électorale indépendante (CEI) compilent les résultats du second tour de la présidentielle de RDC, le 2 novembre 2006 à Kinshasa
Les observateurs internationaux ont certes relevé quelques "irrégularités" ou "tentatives de fraudes" dans leurs constats préliminaires, mais doutent qu'elles remettent en cause les résultats, dont la publication officielle est attendue d'ici le 19 novembre.
Après un vote calme, contrastant avec une campagne sous tension à Kinshasa et émaillée d'incidents parfois meurtriers en province entre militants de deux camps, UN et AMP s'observent avec méfiance alors que se déroule le long processus de compilation des résultats.
Chaque camp effectue ses propres calculs et le président de la Commission électorale indépendante (CEI), l'abbé Apollinaire Malu Malu, a dû multiplier les mises en garde contre le "jeu dangereux" de la publication de "résultats prématurés".
Rien n'y a fait, et dans la rue, par téléphones portables ou sur l'internet, les résultats non officiels ont fleuri, donnant alternativement la victoire à l'un ou à l'autre.
Jeudi, un nouvel acte d'engagement, dans lequel les deux camps annoncent "s'interdire toute forme d'annonce des résultats" avant la CEI, a été violé le soir même.
Sur plusieurs chaînes de télévision, Joseph Olenghankoy, directeur de campagne de Jean-Pierre Bemba, a clamé la victoire de celui-ci, citant des chiffres non officiels, présentés comme des résultats du vote dans plusieurs provinces.
Des Congolaises votent le 29 octobre 2006 à Goma pour la présidentielle
Le lendemain, c'était au tour du porte-parole de l'AMP, Olivier Kamitatu, d'avancer ses propres chiffres, d'annoncer une "progression importante des suffrages en faveur de Joseph Kabila" et de conclure à sa "victoire".
Furieux, le président de la Haute autorité des medias (Ham), Modeste Mutinga, a dénoncé samedi devant la presse "l'irresponsabilité déconcertante" des deux camps.
Selon M. Mutinga, la Ham se demande si les deux camps "ne sont pas décidés à alourdir (le) bilan de plus de 3 millions de morts depuis 1998", début du dernier conflit sur le sol congolais durant lequel l'ex-rébellion de M. Bemba a combattu le régime des Kabila (père et fils).
La Ham a interdit MM. Olenghankoy et Kamitatu de médias pour sept jours. Elle a aussi sanctionné d'autres responsables et mis en garde des médias des deux camps.
"C'est extrêmement dangereux. Les gens ne se rendent pas compte de la gravité de ces violations, des conséquences qu'elle peuvent avoir", a déclaré vendredi l'abbé Apollinaire Malu Malu.
La CEI a annoncé samedi avoir compilé les résultats d'un peu moins de 44% des 50.045 bureaux de vote du pays et indiqué qu'elle publierait prochainement des résultats partiels du scrutin sur son site internet.
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